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L’achalandage dans les urgences du Québec «monte en flèche»

jeudi 2 janvier 2025

Le Devoir - Article de Florence Morin-Martel

 

Depuis quelques jours, plusieurs urgences québécoises débordent. Avec la panoplie de virus qui circulent, de nombreux patients se présentent à l’hôpital en étant « très malades », soulignent des médecins.

En après-midi, jeudi, le taux d’occupation moyen des urgences québécoises répertoriées sur le site Index Santé était de 129 %. Ce taux s’élevait à 150 % à Montréal, à 165 % dans les Laurentides, à 159 % à Laval, à 149 % en Outaouais, à 143 % dans Lanaudière et à 136 % en Montérégie.

Généralement, l’achalandage dans les urgences de la province « monte en flèche » autour des 1er et 2 janvier, affirme la Dre Marie-Maud Couture, présidente de l’Association des médecins d’urgence du Québec. « C’est aussi le cas cette année, probablement un peu plus que les dernières années. Il y a en fait tous les virus qui sont de la partie : COVID-19, influenza, gastro-entérite et virus respiratoire syncytial (VRS). »

Les tout-petits, comme les personnes plus âgées, sont durement touchés par ces virus, observe la Dre Couture. « On voit que les rassemblements du temps des Fêtes ont malheureusement porté leurs fruits en matière de contagiosité », dit-elle.

Les derniers jours ont été très ardus dans certains hôpitaux de la grande région de Montréal, soutient le DGuillaume Lacombe, vice-président de l’Association des spécialistes en médecine d’urgence du Québec. « On a vu des taux d’occupation qui étaient assez préoccupants, c’est-à-dire entre 140 % et 160 %. »

 « Lorsque l’on dépasse l’achalandage normal, on se retrouve dans un état où nos ressources sont plus limitées », soulève-t-il. Il devient alors plus difficile de fournir des soins optimaux aux patients, se désole-t-il.

Congestion hospitalière

Lorsque le taux d’occupation des hôpitaux est trop élevé, il devient difficile d’accommoder les patients, relève la Dre Marie-Maud Couture. Certaines personnes doivent donc attendre plus longtemps à l’urgence pour avoir accès à un lit d’hospitalisation.

Il faut aussi souligner qu’à l’heure actuelle, bon nombre de lits sont occupés par des personnes qui sont prêtes à quitter l’hôpital, mais qui doivent toutefois y rester faute de places pour les accueillir en CHSLD, en ressource intermédiaire ou en centre de réadaptation, ajoute-t-elle.

En date du 13 décembre dernier, le taux d’occupation par des usagers ne requérant plus de soins en centre hospitalier s’élevait à près de 15 %, selon les données du tableau de bord du ministère de la Santé et des Services sociaux. La cible de Québec est plutôt de 8 %.

En raison notamment du manque de lits d’hospitalisation, « on se retrouve avec des situations où des salles d’attente sont pleines de gens malades », indique la Dre Couture.

Elle souligne que la congestion hospitalière inquiète les médecins, car elle peut amener des patients qui ont des problèmes de santé qualifiés d’urgents à semi-urgents à tourner les talons avant d’avoir été pris en charge.

Des craintes pour la suite

Avec la circulation des virus respiratoires, le Dr Guillaume Lacombe s’attend à ce que les prochaines semaines soient difficiles dans les urgences.

La Dre Marie-Maud Couture abonde dans le même sens, mais elle affirme que le retour des cliniques médicales à leurs horaires habituels après les Fêtes pourrait diminuer la pression sur les urgences. « Il se peut qu’on parvienne alors à un équilibre. Mais janvier est toujours un gros mois pour nous. »

Elle rappelle cependant qu’il existe des solutions de rechange aux urgences. « Il y a par exemple la possibilité d’avoir des rendez-vous médicaux via le Guichet d’accès à la première ligne (GAP). Il ne faut pas oublier que des alternatives sont présentes et peuvent être efficaces pour répondre aux besoins des patients. »