Le gouvernement québécois ne s’est toujours pas entendu avec la Fédération des médecins omnipraticiens du Québec pour renouveler l’entente concernant le GAP qui a pris fin le 1er juin.
Des urgences ressentent les effets de la fin de l’entente sur le Guichet d’accès à la première ligne (GAP) entre Québec et les médecins de famille. Selon des regroupements d’urgentologues, les patients orphelins ayant des problèmes non urgents sont plus nombreux à se rendre dans les urgences de certaines régions. Mais l’achalandage demeure le même à l’échelle du Québec.
Le gouvernement ne s’est toujours pas entendu avec la Fédération des médecins omnipraticiens du Québec pour renouveler l’entente concernant le GAP qui a pris fin le 1er juin. La Dre Judy Morris, présidente de l’Association des médecins d’urgence du Québec, espère que les négociations aboutiront rapidement.
« Les gens sur le terrain nous disent qu’il y a plus de visites de type ambulatoire, des cas plus mineurs, et qu’ils ont parfois l’impression de travailler au sans rendez-vous », affirme-t-elle.
Certaines régions pâtissent davantage du non-renouvellement de l’entente, selon la Dre Sophie Gosselin, présidente du Regroupement des chefs d’urgence du Québec. « Il y a des GAP qui ont continué d’offrir des services à la population, dit-elle. Dans certains endroits, surtout en région, il y a eu moins de rendez-vous donnés et ça s’est traduit par une augmentation de cas moins urgents aux urgences. »
Renouvellements ou simples suivis
En Abitibi-Témiscamingue et en Gaspésie, des patients ont abouti aux urgences pour obtenir des « renouvellements de médicaments » ou des « suivis d’accidents de travail de la CNESST », cite-t-elle à titre d’exemples.
La situation demeure difficile en Outaouais. Environ 90 plages de rendez-vous ont été offertes par les médecins de famille au GAP en juin. « Il y en a peut-être une quarantaine de libres encore », dit le chef du département régional de médecine générale de l’Outaouais, le Dr Marcel Guilbault. « Ça se peut que ça change, mais ce n’est rien comparé aux 5000 qu’on a habituellement chaque mois. » Les urgences de la région bénéficient habituellement des plages du GAP non utilisées afin de réorienter des cas non urgents vers des cliniques médicales.
« Nos taux d’attente explosent », déplore la Dre Christal Dionne, cheffe du département d’urgence au CISSS régional. Jeudi dernier, le délai de prise en charge a atteint un peu plus de 11 heures à l’hôpital de Gatineau et 9 heures à l’hôpital de Hull, contre environ 5 heures en moyenne en 2023-2024.
« Je trouve ça dommage pour les patients qui n’ont pas besoin d’être à l’urgence, dit la Dre Dionne. Ça crée un encombrement qui n’est pas nécessaire. Pour les enfants, pour la population plus âgée, ça comporte des risques de passer 20 heures dans une salle d’attente. »
Pas de hausse de l’achalandage total
L’achalandage dans les urgences n’a pas augmenté au cours des dernières semaines à l’échelle de la province, selon les données du ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS). En date du 10 juin, Québec recensait 9735 visites, dont 6635 ambulatoires.
«Les gens me disent qu’il y a plus de patients orphelins qui viennent à l’urgence. Mais si ce sont des patients orphelins, ça veut dire qu’il y a d’autres patients qui viennent moins, parce que le nombre total est le même.» - Dr Gilbert Boucher, président de l'Association des spécialistes en médecine d'urgence du Québec.
Le Dr Boucher, qui fait partie de la cellule de crise des urgences ainsi que du comité de transition de Santé Québec, émet l’hypothèse que les médecins de famille offrent autant de rendez-vous qu’auparavant, mais voient « d’autres genres de patients, peut-être des patients qui leur sont attitrés ». Ces derniers parviendraient donc à voir leur médecin de famille, évitant ainsi les urgences.
Peu de plages offertes au GAP
Selon le MSSS, en date du 6 juin, 5841 rendez-vous médicaux étaient offerts au GAP pour la semaine du 15 juin, contre 18 000 à 23 000 en moyenne habituellement. Le nombre de demandes reçues au Guichet d’accès a baissé d’environ 15 % depuis la fin de mai.
Dans la région montréalaise, le nombre de plages de rendez-vous médicaux offertes au GAP s’est élevé à 3260 la semaine du 3 juin. Il s’agit d’une baisse de 50 % par rapport au nombre hebdomadaire moyen de 6000 à 7000, selon la cheffe du département régional de médecine générale de Montréal, la Dre Ariane Murray.
Le nombre de consultations offertes par les médecins de famille dans les cliniques médicales, sur le site Rendez-vous santé Québec, par l’intermédiaire du GAP, et en réorientation, s’est toutefois maintenu depuis la fin de l’entente sur le GAP, souligne-t-elle. La preuve, dit-elle, que les médecins travaillent. « En moyenne, c’est autour de 100 000 rendez-vous par semaine qu’on donne à Montréal, dit-elle. Ça n’a pas vraiment changé. »
Rectificatif
Une version précédente de ce texte indiquait 10 000 rendez-vous dans la citation du Dre Ariane Murray. Il aurait fallu lire 100 000.
Tableau
Source: Marie-Ève Cousineau - La Presse