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Exigences liées au recrutement de médecins de famille en établissement. La recette pour fragiliser la capacité d’offrir des soins de qualité à l’urgence

jeudi 9 juin 2016

La vision de l’AMUQ est l’excellence de la médecine d’urgence au service des citoyens. Sa mission est d’être le leader du développement et de l’excellence de la médecine d’urgence au Québec. Elle ne peut donc pas approuver l’imposition de nouvelles conditions dans la pratique de la médecine à l’urgence qui auront inévitablement pour effet de nuire à la capacité d’offrir des soins de qualité aux patients à court, moyen et long terme. Les conditions proposées sont inacceptables pour assurer des soins de qualité aux patients.

Les médecins d’urgence au Québec sont solidaires des besoins de la population et c’est pourquoi ils sont grandement préoccupés. Au lieu de se concentrer sur les soins qu’ils offrent avec vocation à la population, on vise à les faire travailler hors des établissements hospitaliers, on leur demande de travailler plus et on dénigre l’importance de leurs implications pour assurer une qualité de leur pratique, former la relève et faire évoluer les connaissances et compétences afin de mieux servir les besoins de la population.

Le médecin d’urgence n’est pas là que pour combler des trous dans une liste de travail, mais bien pour soigner la population, former la relève, faire avancer les connaissances en recherche et mener à terme des tâches médico-administratives visant la prestation de soins compétents à la population, et ce, 24 heures par jour, 7 jours par semaine, 52 semaines par année.

Imposer au médecin d’urgence de prendre en charge des patients ou de travailler dans des super-cliniques l’éloigne de sa mission et de ce pour quoi il est formé, soient d’offrir des soins aux patients ayant des problèmes aigus sérieux, critiques et souvent multiples et initialement mal définis. Cette mesure, de même que celles visant à augmenter la charge de travail du médecin d’urgence et ne pas remplacer les départs au sein des services d’urgence, auront l’effet pervers de dégarnir les urgences des médecins y  œuvrant et d’épuiser et désengager ceux qui y restent.

Si les médecins de famille qui travaillent à l’urgence doivent s’acquitter de nouvelles obligations telles que la prise en charge d’une clientèle, il faudra s’attendre inévitablement à voir des départements d’urgence morcelés par une perte d’effectifs, d’expertise et de compétences spécifiques à la médecine d’urgence et constater une dégradation de la capacité de répondre aux urgences, capacité déjà fragile dans le contexte actuel.